DISSENSUS


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DISSENSUS - Passerelle d'acktivation des identités culturelles - 2003/2011

Quoi de mieux pour présenter ce collectif qu'un extrait de La Zone du Dehors, d'Alain Damasio, avec l'aimable autorisation des Éditions LA VOLTE.

Pourquoi ? Car il existe une proximité ahurissante entre La Volte et ce que fut Dissensus dans les artères bordelaises de l'épok...


...

J'étais pris d'un accès de fureur.

-Je vous écoute mon ami...

-Retenez ma leçon parce que vous ne savez rien ! Vous n'avez jamais rien su des hommes que vous dites gouvernez ! Une société, c'est un animal qui court. Elle n'est vivante que si son corps comprime l'air, l'eau et le sang ! Que si son cœur imprime une pression telle que ce sang fuse et surmonte la gravité universelle, la retombée de tout ! Elle vit surtout si, en dépit de cette pression terrible et grâce à elle, l'air vital, cette eau cruciale, trouve à siffler par des ouvertures qui les reprojettent au dehors, alimentent le cycle et accroissent l'énergie ! Mais la répression empêche le fauve de boire et de respirer ; la libre expression lui crève stupidement les poumons en croyant qu'il en respirera mieux ; et votre oppression lui apprend à éviter de courir pour marcher toujours au pas.

-Je ne suis pas certain de vous suivre, monsieur captp...

-Personne n'avait cru jusqu'à nous la puissance positive du dissensus. Vous en avez fait l'ennemi de la démocratie, son secret démon. Mais nous commençons à prouver, dans ces cités que vous voulez détruire...

-Disons réorganiser, reprendre en main...

-...que le dissensus est une formidable force de compression sur le gaz des divergences individuelles. Loin de couper le lien social, il l'intensifie. Il resserre les liens tout en les tendant. Il accroit le seuil de tolérance à l'étrange et à l'étranger. Il fait de l'originalité une valeur et non plus un défaut. L'écart, la différence de comportements, le désaccord, pour peu qu'on les fasse tenir ensemble par l'estime qu'un être libre a naturellement pour un être libre, dressent le sang et mettent la vie au cœur du système. Vous savez quelle était la devise politique d'Obffs...

J'allais enchaîner quand il me coupa le souffle.

-"On a toujours à défendre les forts contre les faibles."

-Comment vous...

-C'était dans son fichier sur Nietzsche...

-Oui...(un temps...) Parce que ce sont les faibles qui, en répétant la norme, coupent les créateurs de ce qu'ils peuvent ; les faibles qui en faisant de subir et d'obéir une vertu, ont transformé un régime de maîtres -la démocratie- en une gérance où des esclaves commandent à des esclaves. Même vous qui êtes le sommet de la pyramide, A, vous justifiez vos meurtres par l'obéissance, l'obéissance aux petites gens qui sont le dernier mot de votre politique ! C'est la faiblesse qui crée la répression, quand un homme n'a pas la force de supporter les couleurs de son voisin, quand sa liberté lui fait peur et qu'il fait appel à papa-maman, police-justice, pour faire cesser les fêtes diurnes de ceux qui vibrent quand lui se traîne ! La volution n'a qu'un but : que ceux qui peuvent puissent ! Que les actifs deviennent en fin acteurs ! L'essence de votre politique, A, son carburant, ce n'est pas le désir des gens, c'est le ressentiment. Vous l'infusez dans votre sociétasse tiède par ces manque et ces distances que vous aménagez entre les être. Nos cités, elles, carburent au sentiment ! Elles dégagent de la chaleur !

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